Dans la catégorie « Récit de mission », je vous raconterais mes différentes expériences de travail à l’étranger dans le secteur « humanitaire et développement », que ça soit comme simple bénévole, comme volontaire ou comme salariée d’une grosse ONG. Pour mes amis et ma famille, ça sera sûrement une répétition car j’avais déjà tenu des blogs pour plusieurs de ces expériences mais ça sera comme un condensé de mon parcours professionnel, du Brésil au Maroc…
Dans ce 1er article, je vous fais un résumé rapide de chacune de ces expériences, avant de pouvoir prendre le temps (sûrement après mon Tour des Amériques…) d’en parler un peu plus en détails.
Le Brésil, 1ere aventure en tant que bénévole et 1er coup de cœur
Travailler au cœur d’une favela
En juin 2007, à la fin de mon master II et pour valider mon diplôme grâce à un rapport de stage dans une structure ayant un lien avec le développement et la coopération internationale, je suis partie pour le Brésil, à Salvador da Bahia plus exactement, pour une durée de 6 mois. En fouillant sur internet et un peu grâce au hasard, j’ai découvert une petite association d’aide à l’enfance et à la famille, ACEF (Associação Criança e Familia) gérée par une ancienne missionnaire française dans une favela de Salvador. Après quelques échanges par mail et téléphone, nous nous sommes mises d’accord pour que je puisse y travailler comme bénévole pendant 4 mois, mais sans vraiment savoir ce que j’y ferais… Ce n’est qu’une fois sur place que j’ai pu prendre le temps de connaitre les différents projets de l’association et évaluer en fonction de mes compétences et connaissances, ce que j’allais pouvoir apporter au fonctionnement de cette petite structure tout en me permettant de valider mon master.
Finalement, mon emploi du temps a été divisé en deux : le matin où j’étais au secrétariat de l’association pour aider dans la partie administrative, comptable et informatique, mais aussi en traduction et rédaction de rapports ; l’après-midi où je partageais mon temps entre les différents projets, et en particulier en proposant des activités aux petits de 5-6 ans accueillis à la crèche et en participant à celles du projet « Jovem em Ação » où des jeunes adolescentes en situation de précarité reçoivent des formations et un soutien moral.
Découvrir un mouvement de lutte sociale
Les mois d’octobre et novembre 2007, je les ai passés avec le Mouvement des paysans Sans Terre (MST), structure de lutte sociale pour l’accès à la terre et pour une réforme agraire au Brésil. Le MST est un partenaire de l’association Frères des Hommes où j’ai fait un stage pendant l’été 2006 à Paris et c’est sur la suggestion de mon ancienne maitre de stage, que j’ai pu découvrir cet acteur important de la vie associative et sociale du Brésil.
J’ai d’abord passé un mois dans le bureau du MST à Salvador, où j’ai participé à certaines réunions et manifestations. J’ai pu aussi visiter des acampamentos et assentamentos, qui sont les campements où les paysans membres du MST occupent des terres non exploitées pour les revendiquer et pouvoir les cultiver. La plupart sont souvent précaires et les gens y vivent sous des tentes ou des cabanes faites de bâches en plastique, mais d’autres sont un peu plus « durables » et les maisons y sont en dur. En tout cas, à chaque fois, la vie communautaire y est bien organisée avec une petite épicerie, une école qui sert aussi souvent de salle de réunions.
Puis le mois de novembre, j’ai pu travailler au sein du siège du MST à São Paulo, et plus particulièrement dans le service des relations internationales. Et j’ai eu l’occasion d’aller visiter également l’école du mouvement, l’Escola Florestan Fernandes où les membres se retrouvent pour se former (alphabétisation, pédagogie de la terre et planification agricole, santé communautaire, techniques agro-alimentaires, entre autres), où ils peuvent échanger et débattre sur la situation du mouvement, mais où aussi d’autres mouvements du pays et du continent sud-américain se retrouvent.
Mon travail était surtout basé sur l’observation et l’échange avec les membres du mouvement pour pouvoir alimenter la newsletter de Frères des Hommes.
Nouvelles expériences brésiliennes
Mon 1er séjour en 2007 m’a tellement marquée, Salvador et sa région m’ont tellement plu, mais surtout je me suis trouvée une 2e famille, que ce soit au sein des personnes avec qui j’ai travaillé dans la favela ou de ma famille d’accueil, et j’y suis aussi tombée amoureuse (accessoirement !), qu’il fallait que je trouve le moyen d’y retourner.
Ce sera le cas à 3 reprises :
- De février à juin 2009, je suis partie dans l’intention de m’y installer et d’y travailler durablement, mais finalement la vie en a décidé autrement et je suis rentrée au bout de 5 mois.
- En novembre/décembre 2009, je suis partie pendant 4 semaines comme volontaire de la Croix-Rouge de Monaco qui travaillait avec un partenaire dans une ville de la banlieue de Rio de Janeiro, dans l’objectif de réaliser une étude de faisabilité pour un projet de formation professionnelle en restauration au profit des jeunes. Le projet a effectivement été lancé quelques mois plus tard et fonctionne toujours aujourd’hui 🙂
- De fin octobre à mi-décembre 2012, je suis partie cette fois en touriste pendant plusieurs semaines pour rendre visite à mes amis/es et ma famille de cœur mais aussi pour visiter de nouveaux endroits de cet immense pays.
L’Inde, 1ère expérience comme volontaire
Immersion au cœur des inégalités de la plus grande démocratie du monde
En mars 2008, je me suis envolée pour 5 mois au sud de l’Inde, à Bangalore, pour travailler auprès d’autres partenaires de l’association Frères des Hommes (FdH), et en particulier de l’association Fedina, basée à Bangalore mais regroupant différentes petites associations et mouvements locaux de soutien aux minorités les plus vulnérables : femmes, populations dalits (intouchables) et tribales, travailleurs/ses informels/les, populations des bidonvilles, personnes âgées.
En plus de faire remonter de l’information à FdH sur les projets et les activités de leur partenaire, mon travail a consisté à suivre un projet spécifique visant la promotion des droits des femmes dans cette région de l’Inde à travers la mise en place d’un système de micro-crédit, et j’ai donc eu la chance de rencontrer de nombreuses indiennes dans les bidonvilles de Bangalore et également dans des villes plus petites, voire dans des villages isolés. A chaque fois elles ont accepté de partager leur quotidien, qu’il soit fait de difficultés ou de réussites, et elles m’ont expliqué ce que l’opportunité du micro-crédit à changer dans leurs vies. J’ai pu également participer à différentes manifestations organisées par l’équipe de Fedina et aller les associations membres dans le Tamil Nadu et le Karnataka.
Découverte d’un 2e mouvement de lutte sociale
En Inde, Frères des Hommes est également partenaire du mouvement de lutte pour l’accès à la terre Ekta Parishad, très connu et très répandu dans tout le pays. A plusieurs reprises j’ai eu l’occasion d’aller également à la rencontre de petites associations faisant partie du mouvement, notamment dans le Kerala et le Tamil Nadu. A chaque fois, j’ai pu visiter différents projets mettant en avant le rôle des femmes dans les économies locales, grâce à la confection de savons, d’huile de palme, de crevettes séchées, entre autres.
Dans le Kerala, j’ai pu visiter des villages qui avaient été touchés par le tsunami de décembre 2004 et 4 ans après, on voyait encore certains « dégâts » et les gens parlaient encore de leur traumatisme d’avoir failli tout perdre, ou d’avoir tout perdu… une partie de cette zone a été totalement dévastée et a disparu après la vague géante… Mais la vie avait repris, les familles avaient reconstruit leurs maisons traditionnelles (laissant à l’abandon les maisons en béton construites par une ONG qui ne s’était pas soucié des habitudes locales) et les pécheurs avaient reconstruit leurs bateaux pour repartir en quête du poisson qui nourrira leurs familles ou pourra être vendu.
Le Tchad, 1ère expérience d’expatriation avec une ONG humanitaire
D’août 2011 à août 2012, je suis partie comme expatriée avec la branche espagnole de l’ONG Oxfam pour travailler comme chargée de programme et de suivi funding. Basée à Ndjamena la capitale du pays, j’ai eu l’occasion également de « visiter » les bases à l’intérieur du pays et les différents projets, qui étaient principalement orientés à apporter une assistance humanitaire aux populations dans deux régions du Tchad, le Guera et le Sila.
Dans le Guera, au centre du pays, les projets avaient pour objectif d’améliorer la sécurité alimentaire des populations vivant dans une région fortement touchée par la sécheresse, mais aussi lutter contre une épidémie de choléra réapparu à l’été 2011. Dans ce cas, le travail a consisté à mener des sensibilisations auprès des populations concernant les règles d’hygiène permettant d’éviter la contamination et la prolifération du choléra, mais aussi à mettre en place des structures sanitaires et des accès à l’eau potable dans les villages.
Dans le Sila, tout à l’est, le travail était fait auprès des populations tchadiennes déplacées dans leur propre pays ou des populations soudanaises réfugiées car fuyant la guerre au Darfour. Pendant plusieurs années, Oxfam a procédé à des distributions alimentaires pour la population mais surtout pour le bétail, à construite des systèmes de distribution d’eau potable et à mettre en place des structures sanitaires facilitant la vie des populations dans les camps où elles se sont établies parfois depuis plusieurs années.
Succession de missions courtes : Burkina Faso, Mauritanie, Tchad
A partir de janvier 2013, j’ai travaillé au siège d’Oxfam à Barcelone comme chargée de programme de renforcement, d’où j’étais amenée à donner un appui à distance aux différentes équipes travaillant sur le terrain, principalement en Afrique de l’Ouest, pour le suivi des différents rapports, audits et nouvelles propositions de projet auprès de bailleurs institutionnels. Parfois, quand le besoin d’appui était plus important, j’ai dû partir sur place pour quelques semaines, et ainsi travailler directement avec l’équipe pour faciliter la réalisation des différents documents et des processus d’audit.
D’un mois au Burkina Faso (mars 2013), à plusieurs semaines et à trois reprises en Mauritanie (octobre 2013, janvier puis juin/juillet 2014), puis à un mois au Tchad (mars 2014), j’ai donc eu l’occasion de faire des missions courtes d’appui où à chaque fois il fallait faire preuve de réactivité, d’adaptation mais surtout aussi de persévérance et de patience… Ces missions « courtes » m’ont également permis de travailler sur des projets de type humanitaire (soutien de base en cas de crise –réfugiés du Mali ou sécheresse dans la région du Sahel) et des projets de développement (réhabilitation agricole et par extension économique des populations locales).
Maroc, nouvelle expatriation « longue »
En septembre 2014, je suis partie pour ce qui devait être 6 mois de mission comme Adjointe du Responsable de Programme de la mission d’Oxfam au Maroc, en travaillant en particulier sur un projet d’amélioration des conditions de travail des femmes dans le secteur agricole des fruits rouges. L’objectif était surtout de rattraper l’important retard accumulé sur le projet et d’améliorer le suivi avec les associations partenaires marocaines impliquées dans le projet. Six mois n’ont finalement pas été suffisants et pour certaines circonstances, on m’a demandé de rester 6 mois de plus !
Finalement, je suis restée 1 an et demi au Maroc, basée à Rabat mais ayant l’occasion d’aller jusque dans les zones de mise en œuvre du projet dont je m’occupais principalement, mais aussi de représenter Oxfam pendant certaines activités externes et de travailler sur le développement de nouveaux projets. Pendant les 8 derniers mois de ma mission, mon poste a évolué pour inclure également une dimension de coordination plus globale de l’équipe de mise en œuvre technique du projet, en binôme avec le Responsable de Programme.
Le boulot c’est bien mais c’est tout ?
Dans ces minis résumés, je n’ai parlé que de la partie « professionnelle » de mes expériences, mais chacune m’a aussi permis d’avoir une expérience personnelle souvent très intense :
- coup de cœur pour un pays et sa culture, surtout pour le Brésil bien sûr mais aussi pour le Maroc,
- coups de cœurs amicaux ou professionnels qui aujourd’hui sont surtout amicaux (chacun se reconnaitra, je ne vais pas faire une liste 🙂 ) qui ont rendu mes moments de vie à l’étranger beaucoup plus légers et animés,
- rencontres avec les populations, découvertes culturelles, gastronomiques, etc.
Pour chacune, j’aurais de quoi remplir des pages mais ça sera un peu plus tard…
Pour les prochains 10-12 mois, mon blog sera surtout consacré à mon aventure en cours : mon Tour des Amériques !